Exposition « Portraits Pylônes » 2013
« Portraits Pylônes » : exposition galerie Schumm-Braunstein en 2013.
9 rue de Montmorency, 75003.
Texte de Michel Dupré publié dans la revue Ecritique n°16 :
Pylônes noirs, fouillis de graphies complexes, élégances du trait… Des écheveaux anarchiques au sein lesquels se devinent des lieux de passage de flux insaisissables. La raideur des poteaux sur lesquels se sont enroulés des fils transporteur d’énergies anonymes et de savoirs inconnus au service du pouvoir des Réseaux.
Contrastes. Lumières.
Le regard se laisse prendre aux plaisirs des labyrinthes d’une ligne errante qui parcourt l’espace en toute liberté, maîtrisée cependant par le savoir technique des installateurs dont on imagine le travail, mais absents. On songe alors aux « Constructeurs » de F. Léger dont l’optimisme qui les anime se perd ici dans le désordre des fils.
Et puis. Surgissent là, trois visages fallots violemment brossés, hurlant en silence qui font naître un étrange sentiment d’inquiétude. Présence révélatrice d’un propos à peine masqué.
Violence du contraste. Se fait jour la tragique confrontation qui donne sens aux jeux graphiques qu’un regard simpliste pourrait prendre pour un formalisme creux s’il ne s’attachait à ces images de souffrance que ces faces grises exsangues nous jettent à la figure. Violence d’autant plus terrible qu’elle se donne, surprise inattendue, en toute évidence malgré la discrétion de leur présence. Face à face, images-spectateur, qui renvoie alors aux séductions glacées des fils et des pylônes sagement rangés sur les murs blancs de la galerie.
On en oublie -on doit oublier- les effets spectaculaires d’une technique picturale (?) qui offre aux œuvres « électriques » de fascinantes luminescences.
Les charmes obsédants de la dictature de la Communication, s’énonce tel le masque quotidien de l’aliénation.
Michel Dupré