Exposition « A Fresco » 2011

Janvier 2011.
Expostion « A Fresco » à la galerie Schumm-Braunstein.
9 rue de Montmorency 75005.

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Cristallin,e adj. De la nature du cristal. Clair et transparent (…). N.m. Organe de l’œil jouant le rôle d’une lentille.

 Des visages qui vous regardent, dits « survivants », des paysages de pylônes et de fils, des récitatifs de coquelicots coupés, les sujets de peinture de Christel Valentin sont dans une proximité paradoxale. Du portrait au paysage, il s’agit toujours pourtant, de l’être et de l’existant ; de saisir une figure qui se dresse malgré tout.

Gravité et magnifique maîtrise de ces peintures qui nous fixent ou nous absorbent. Certes il y a du dessin, et quel dessin ! La fureur du tracé, dans les grands paysages qui entrelacent fil-poteau de nos si familiers « no man’s land » d’aujourd’hui, se marque directement sur un espace de toile, bis, teinté de blanc, de beige ; douceur infinie de la peinture pour répondre ou calmer la superbe violence du trait noir.

Les coquelicots coupés, fauchés comme des blés, des soldats à la guerre, le dormeur du val taché de rouge n’est pas loin. Champs de fleurs ou de bataille se récitent en écho d’un texte caché, comme un « quodlibet »  au verso de la toile.

Les « survivants » seraient-ils des visages qui se permettraient de se tenir à la limite du portrait pour nous dire que, non finalement, tout est peinture, derrière leurs regards toujours intenses ? Regards qui nous percent, inconnus, connus, proches si loin, en miroir de ceux qu’avait le peintre sur eux, lorsqu’elle les a croisés, par hasard.

Il faudrait aborder aussi, tout ce chantier d’artiste opéré en amont, ces châssis fabriqués, ces toiles tendues, passées de plusieurs enduits, puis poncées sous jet d’eau, pour devenir comme un pan de mur ? Un bout de fresque prêt à peindre qui va donner toute une profondeur à la peinture devenue « matière vivante ».

Cette peinture, magistrale se permet le luxe de partir de l’image éteinte pour nous amener jusqu’au Fayoum, vers des êtres inoubliables.

Car la peinture les « dresse » vers nous et le peintre nous les adresse comme des convives, les hôtes de son atelier. Peut-être sont-ils parents de l’Imago antique, portée au repas des fêtes de la vie ?

Après quelques effacements et surgissements, les voilà, à nouveau, au seuil de notre cristallin.

« On ne peint bien que ce que l’on perd. » Christel Valentin

 Jacquie Barral. Novembre 2011

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